Danielle Orhan
“Imaginons – cela n’est pas logiquement impossible –qu’il existe des êtres doués de raison, à deux dimensions,vivant et se déplaçant sur la surface d’un de nos corps solides.”Hermann von Helmholtz
Refaire surface
Vous pensez peut-être pénétrer une chambre d’enfant, et vous n’avez pas tort. Mais vous pénétrez aussi un monde, avec ses planètes, ses tempêtes, ses tourbillons et ses comètes. Surface plane, la peinture a depuis longtemps renoncé à donner l’illusion de la troisième dimension pour y entrer de plein pied. Le souci de la profondeur n’a pourtant pas cessé de la hanter. Philippe Richard se décrit comme un peintre, mais un peintre constructeur. Les lignes courbes de ses peintures sur toile se sont durcies pour devenir des angles dans l’espace. Les tableaux se sont soudés pour former des volumes. Parfois, c’est le mur lui-même qui paraît transpirer, gonfler, pour donner naissance à des protubérances géométriques. Le cube perspectif a basculé dans une autre dimension, la nôtre mais aussi celle qui fascine tant les artistes, telle la promesse d’un autre monde. La projection en volume d’un dé dans la quatrième dimension lui confère la qualité d’un hypercube, figure de transposition à laquelle Philippe Richard insuffle de l’irrégularité. Il fait rimer les formes puis les décentre, crée des polyèdres discontinus. La perspective est aussi fictive que la troisième dimension relative. Il ne peut exister de point focal, mais une multiplicité de points de vue. Comme dans l’icône ou le dessin d’enfant. Philippe Richard liquide un système symbolique. S’il ramène la peinture à sa qualité de “surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées”, s’il abolit la distinction entre figure et fond, il n’exclut aucunement la profondeur. Plus encore, il pratique une géométrie dont les formes ne seraient pas projetées sur un plan, mais dans une quatrième dimension, tant rêvée par les scientifiques et les artistes qui partagent le privilège de pouvoir rendre compte de cette traversée dans le temps. Partant, c’est la relativité de notre perception que cette œuvre explore.
Ce que le peintre réalise traditionnellement sur le plan du tableau, Philippe Richard l’accomplit dans l’espace, à l’aide de volumes aux surfaces colorées. Dans ce jeu de cubes, toutes les permutations sont possibles. Une pièce peut être retirée, substituée par une autre. Chacune d’elles se soumet à une combinatoire dont l’ordre obéit à une règle arbitraire. Arbitraire, parce que temporaire. Arbitraire, parce que décidée au gré des circonstances. Arbitraire, enfin, parce qu’y entre une large part d’aléatoire. L’artiste entrepose ses œuvres plus qu’il ne les expose. Ces parallélépipèdes sont comme des dés jetés là, au hasard, mais comme un hasard qui serait arrangé pour bientôt être bouleversé. Les combinaisons affluent comme autant de possibilités colorées. Des correspondances imprévues s’établissent entre les faces, nullement inféodées à une image préalable. En poète, Philippe Richard crée des allitérations visuelles. Une forme égarée là se retrouve, perçue sous un angle nouveau, ailleurs, éventuellement sur une toile. Formes et couleurs se répondent. Réinterprétant le vocabulaire de la modernité, le point, la ligne ou la grille, et ses processus, la coulure ou la giclure, Philippe Richard invente une grammaire insoumise. Il superpose, permute, juxtapose dans un esprit de dérision, puise dans l’histoire de l’art moderne comme dans une immense boîte de jeu. Parfois, les plans enchâssés ne restent visibles que par la grâce d’une coulée de peinture sur la face qui la jouxte. L’espace vibre à la surface. Les couleurs juxtaposées présentent différentes profondeurs. Les unes avancent quand d’autres reculent. Quelquefois laissés apparents, les repentirs ou les couches successives de peinture créent un feuilletage qui dit la densité temporelle de l’œuvre. Ces micro-événements successifs démontrent la possibilité d’une autre étendue. Philippe Richard crée un système mobile, une œuvre fondamentalement ouverte.
Mais il s’agit aussi d’une peinture “égarante”, qui emprunte de multiples détours, bien faits pour piéger le spectateur, en tout cas lui opposer des obstacles, physiques et imaginaires. Les linéaires, tasseaux de bois colorés, semblent s’être échappés de toiles comme Broadway Boogie-Woogie de Mondrian, dont le réseau de lignes poursuivent un rythme effréné. Philippe Richard en complexifie les tracés, les soumet à une désorganisation mathématique au point de former des nœuds inextricables. Les surfaces de ces lignes sculpturales s’effleurent et la forme se replie sur elle-même. Relier, lier, lier, lier. Giordano Bruno avait tenté, au XVIe siècle, de penser l’infini au moyen de la forme et du lien. L’angle, intersection de lignes ou de plans figure le paradigme de la rencontre, du carrefour. Le multiplier dans un espace resserré, c’est se perdre dans ses méandres. Philippe Richard nous fait tourner en rond sur une ligne droite, qui soudain revient sur elle-même à angle… droit. Ces œuvres sont des casse-tête, intégrammes visuels qui jouent des différentes propriétés des couleurs selon un rythme saccadé, un temps désarticulé. En géomètre, Philippe Richard invente une topologie autre. En chef d’orchestre, il lui inflige un tempo méconnaissable. En joueur, il retourne les règles mathématiques en jeu.
Pas de point A pour parvenir à B ici. Nulle idée de progrès ni de progression. Nulle archéologie, en somme. La couleur confère à cette atmosphère de fin du monde, aussi peu futuriste qu’elle est intemporelle, le pouvoir d’émerveiller. Les surfaces, teintes de rouge, d’émeraude ou de prune, déplient un panel de sensations. L’encombrement, l’occupation de l’espace au sol, établissent un rapport différent au corps. Philippe Richard pense l’espace en négatif, soit l’espace mangé par le volume de ses objets. Il en étudie les contreformes possibles, celles dans lesquelles le spectateur se meut. C’est pourquoi ses polyèdres irréguliers peuvent parfois être creux. Cet espace en négatif, c’est aussi le hors champ. Comme quand les formes d’un tableau se propagent sur le mur, tel un “cadavre exquis” dans l’espace. J’ai vu Philippe Richard s’enthousiasmer de l’avancée de fissures murales provoquées par une infiltration d’eau. Produit du hasard à la manière du mur de taches de Léonard de Vinci, en même temps qu’irruption intempestive et vouée à s’étendre dans des voies imprévisibles. Philippe Richard improvise sans idée préconçue, fait du lieu d’exposition un atelier où poursuivre le geste du pinceau. Geste et formes qui seront à chaque fois différents à partir d’une même matrice. Dans cette peinture virale, tout est en remous. Les tableaux sont habités ou plutôt traversés par une vie organique. Cette qualité organique rappelle les personnages des remarques des manuscrits médiévaux, êtres informes capables de toute farce scatologique. Ici aussi, la peinture coule, déborde. Elle bave même. Délibérément. Le dissimulé, le non-dit, les coulisses apparaissent au centre. On plonge dans l’atelier d’un peintre, lieu à la fois intime et de travail, qui est comme de l’inconscient dans l’espace. Dans un même mouvement, l’œuvre peut se nicher dans les recoins d’une salle d’exposition, dans ses marges précisément, et, de temps à autre, s’y fondre. Insectes prodigieux, les linéaires tissent parfois leur toile colorée selon les œuvres avoisinantes, adoptent la stratégie de l’homochromie du règne animal.
L’artiste plante un décor, crée une atmosphère. Un théâtre dont la mécanique échappe. C’est l’empire du “faire croire” sans jamais leurrer. Car il n’y a pas ici d’illusion, ni d’illusionnisme, bien qu’il y ait in-lusio, une entrée dans le jeu. C’est à la mesure de son corps d’adulte que Philippe Richard établit l’échelle de son terrain de jeu. La peinture assiège les lieux, devenus sous son ordre instable antres extraordinaires. On entre dans son œuvre comme dans une pièce où se déroulerait un jeu de conquête spatiale. Avions furtifs, à la pointe des techniques de camouflage, projectiles près de s’écraser sur une ville en carton-pâte. Ou encore flèches qui sont autant d’armes de jet ou avions de papier inoffensifs aux pistes d’atterrissage aléatoires. La menace compose avec une douce fragilité. Bien que l’œuvre se dérobe à toute interprétation figurative, l’analogie en est au fondement. Aux yeux de l’enfant, le balai qu’il chevauche représente une véritable monture. De même, le peintre, à l’aide de formes et de couleurs en désordre assemblées, perçoit les possibilités d’un autre univers, d’une autre profondeur.
L’enfant met parfois un temps infini à bâtir son monde et peut le détruire, ou le déconstruire, en une fraction de seconde. Ou le transposer ailleurs. Mobiles, ces maquettes d’un monde à venir rappellent les architectures utopiques des années 1960, en un temps de reconstruction des villes et en un temps où l’on pensait que le loisir pouvait supplanter le travail. Ces pièces s’amoncellent ou s’accumulent comme des échafaudages à l’équilibre précaire. Cabanes branlantes, monuments irréalisables qui tiennent du Merzbau de Schwitters ou de la Tour Tatline. L’utopie est par excellence une représentation imaginaire, un non-lieu, l’irréalisable, tout en demeurant un idéal. De même, une des grandes aspirations des scientifiques fut de savoir s’il existait d’autres mondes. Philippe Richard rend hommage à la poésie des mathématiques mais oppose à sa beauté exacte l’anomalie, l’irrésolu, l’irrationnel. L’œuvre oscille entre l’infinitésimal et l’infiniment grand, entre le point et une hypergéométrie. Elle rend visible l’indistinct tout comme elle échappe au calculable. L’artiste construit un monde mu par des forces indiscernables, invisibles à l’œil nu. Une surface colorée ne semble qu’un fragment d’un champ infiniment plus vaste, un espace sans hiérarchie, un monde idéalisé, parce que fondé sur une géométrie abstraite et sur des formes aux propriétés topologiques encore inaperçues. Les volumes apparaissant sous nos yeux en seraient les météorites, les traces échouées là accidentellement. Ce sont différents moments d’une œuvre en perpétuelle fermentation voire en expansion. Une peinture sans cadre, sans tableau, sans finitude promet une échappée perpétuelle, un ailleurs, un autre monde. Avec une âme d’enfant, Philippe Richard tente d’attraper ce qui n’a pas encore été pensé. Un univers indéfinissable émerge, refait surface.
Ce que le peintre réalise traditionnellement sur le plan du tableau, Philippe Richard l’accomplit dans l’espace, à l’aide de volumes aux surfaces colorées. Dans ce jeu de cubes, toutes les permutations sont possibles. Une pièce peut être retirée, substituée par une autre. Chacune d’elles se soumet à une combinatoire dont l’ordre obéit à une règle arbitraire. Arbitraire, parce que temporaire. Arbitraire, parce que décidée au gré des circonstances. Arbitraire, enfin, parce qu’y entre une large part d’aléatoire. L’artiste entrepose ses œuvres plus qu’il ne les expose. Ces parallélépipèdes sont comme des dés jetés là, au hasard, mais comme un hasard qui serait arrangé pour bientôt être bouleversé. Les combinaisons affluent comme autant de possibilités colorées. Des correspondances imprévues s’établissent entre les faces, nullement inféodées à une image préalable. En poète, Philippe Richard crée des allitérations visuelles. Une forme égarée là se retrouve, perçue sous un angle nouveau, ailleurs, éventuellement sur une toile. Formes et couleurs se répondent. Réinterprétant le vocabulaire de la modernité, le point, la ligne ou la grille, et ses processus, la coulure ou la giclure, Philippe Richard invente une grammaire insoumise. Il superpose, permute, juxtapose dans un esprit de dérision, puise dans l’histoire de l’art moderne comme dans une immense boîte de jeu. Parfois, les plans enchâssés ne restent visibles que par la grâce d’une coulée de peinture sur la face qui la jouxte. L’espace vibre à la surface. Les couleurs juxtaposées présentent différentes profondeurs. Les unes avancent quand d’autres reculent. Quelquefois laissés apparents, les repentirs ou les couches successives de peinture créent un feuilletage qui dit la densité temporelle de l’œuvre. Ces micro-événements successifs démontrent la possibilité d’une autre étendue. Philippe Richard crée un système mobile, une œuvre fondamentalement ouverte.
Mais il s’agit aussi d’une peinture “égarante”, qui emprunte de multiples détours, bien faits pour piéger le spectateur, en tout cas lui opposer des obstacles, physiques et imaginaires. Les linéaires, tasseaux de bois colorés, semblent s’être échappés de toiles comme Broadway Boogie-Woogie de Mondrian, dont le réseau de lignes poursuivent un rythme effréné. Philippe Richard en complexifie les tracés, les soumet à une désorganisation mathématique au point de former des nœuds inextricables. Les surfaces de ces lignes sculpturales s’effleurent et la forme se replie sur elle-même. Relier, lier, lier, lier. Giordano Bruno avait tenté, au XVIe siècle, de penser l’infini au moyen de la forme et du lien. L’angle, intersection de lignes ou de plans figure le paradigme de la rencontre, du carrefour. Le multiplier dans un espace resserré, c’est se perdre dans ses méandres. Philippe Richard nous fait tourner en rond sur une ligne droite, qui soudain revient sur elle-même à angle… droit. Ces œuvres sont des casse-tête, intégrammes visuels qui jouent des différentes propriétés des couleurs selon un rythme saccadé, un temps désarticulé. En géomètre, Philippe Richard invente une topologie autre. En chef d’orchestre, il lui inflige un tempo méconnaissable. En joueur, il retourne les règles mathématiques en jeu.
Pas de point A pour parvenir à B ici. Nulle idée de progrès ni de progression. Nulle archéologie, en somme. La couleur confère à cette atmosphère de fin du monde, aussi peu futuriste qu’elle est intemporelle, le pouvoir d’émerveiller. Les surfaces, teintes de rouge, d’émeraude ou de prune, déplient un panel de sensations. L’encombrement, l’occupation de l’espace au sol, établissent un rapport différent au corps. Philippe Richard pense l’espace en négatif, soit l’espace mangé par le volume de ses objets. Il en étudie les contreformes possibles, celles dans lesquelles le spectateur se meut. C’est pourquoi ses polyèdres irréguliers peuvent parfois être creux. Cet espace en négatif, c’est aussi le hors champ. Comme quand les formes d’un tableau se propagent sur le mur, tel un “cadavre exquis” dans l’espace. J’ai vu Philippe Richard s’enthousiasmer de l’avancée de fissures murales provoquées par une infiltration d’eau. Produit du hasard à la manière du mur de taches de Léonard de Vinci, en même temps qu’irruption intempestive et vouée à s’étendre dans des voies imprévisibles. Philippe Richard improvise sans idée préconçue, fait du lieu d’exposition un atelier où poursuivre le geste du pinceau. Geste et formes qui seront à chaque fois différents à partir d’une même matrice. Dans cette peinture virale, tout est en remous. Les tableaux sont habités ou plutôt traversés par une vie organique. Cette qualité organique rappelle les personnages des remarques des manuscrits médiévaux, êtres informes capables de toute farce scatologique. Ici aussi, la peinture coule, déborde. Elle bave même. Délibérément. Le dissimulé, le non-dit, les coulisses apparaissent au centre. On plonge dans l’atelier d’un peintre, lieu à la fois intime et de travail, qui est comme de l’inconscient dans l’espace. Dans un même mouvement, l’œuvre peut se nicher dans les recoins d’une salle d’exposition, dans ses marges précisément, et, de temps à autre, s’y fondre. Insectes prodigieux, les linéaires tissent parfois leur toile colorée selon les œuvres avoisinantes, adoptent la stratégie de l’homochromie du règne animal.
L’artiste plante un décor, crée une atmosphère. Un théâtre dont la mécanique échappe. C’est l’empire du “faire croire” sans jamais leurrer. Car il n’y a pas ici d’illusion, ni d’illusionnisme, bien qu’il y ait in-lusio, une entrée dans le jeu. C’est à la mesure de son corps d’adulte que Philippe Richard établit l’échelle de son terrain de jeu. La peinture assiège les lieux, devenus sous son ordre instable antres extraordinaires. On entre dans son œuvre comme dans une pièce où se déroulerait un jeu de conquête spatiale. Avions furtifs, à la pointe des techniques de camouflage, projectiles près de s’écraser sur une ville en carton-pâte. Ou encore flèches qui sont autant d’armes de jet ou avions de papier inoffensifs aux pistes d’atterrissage aléatoires. La menace compose avec une douce fragilité. Bien que l’œuvre se dérobe à toute interprétation figurative, l’analogie en est au fondement. Aux yeux de l’enfant, le balai qu’il chevauche représente une véritable monture. De même, le peintre, à l’aide de formes et de couleurs en désordre assemblées, perçoit les possibilités d’un autre univers, d’une autre profondeur.
L’enfant met parfois un temps infini à bâtir son monde et peut le détruire, ou le déconstruire, en une fraction de seconde. Ou le transposer ailleurs. Mobiles, ces maquettes d’un monde à venir rappellent les architectures utopiques des années 1960, en un temps de reconstruction des villes et en un temps où l’on pensait que le loisir pouvait supplanter le travail. Ces pièces s’amoncellent ou s’accumulent comme des échafaudages à l’équilibre précaire. Cabanes branlantes, monuments irréalisables qui tiennent du Merzbau de Schwitters ou de la Tour Tatline. L’utopie est par excellence une représentation imaginaire, un non-lieu, l’irréalisable, tout en demeurant un idéal. De même, une des grandes aspirations des scientifiques fut de savoir s’il existait d’autres mondes. Philippe Richard rend hommage à la poésie des mathématiques mais oppose à sa beauté exacte l’anomalie, l’irrésolu, l’irrationnel. L’œuvre oscille entre l’infinitésimal et l’infiniment grand, entre le point et une hypergéométrie. Elle rend visible l’indistinct tout comme elle échappe au calculable. L’artiste construit un monde mu par des forces indiscernables, invisibles à l’œil nu. Une surface colorée ne semble qu’un fragment d’un champ infiniment plus vaste, un espace sans hiérarchie, un monde idéalisé, parce que fondé sur une géométrie abstraite et sur des formes aux propriétés topologiques encore inaperçues. Les volumes apparaissant sous nos yeux en seraient les météorites, les traces échouées là accidentellement. Ce sont différents moments d’une œuvre en perpétuelle fermentation voire en expansion. Une peinture sans cadre, sans tableau, sans finitude promet une échappée perpétuelle, un ailleurs, un autre monde. Avec une âme d’enfant, Philippe Richard tente d’attraper ce qui n’a pas encore été pensé. Un univers indéfinissable émerge, refait surface.
Danielle Orhan, novembre 2014