Des mois, des années
2011-2012 Autre pareil, carte blanche à Philippe Richard, Musée des Beaux-arts, Dunkerque, France
2002 Variables atmosphériques et autres projets 1997-2001, Ancien Collège des Jésuites, Reims, France
2001 Chemin d’art, Salle des jacobins, Saint-Flour, France
2000 Pintura, curated by Eric Suchère, FRAC Auvergne, Clermont-Ferrand, France
1996 Kielbogen, PrimaKunst, Kiel Miscellaneous, Krönbacken, Erfurt, Allemagne
1995 Galerie bJordan-mDevarrieux, Paris
2002 Variables atmosphériques et autres projets 1997-2001, Ancien Collège des Jésuites, Reims, France
2001 Chemin d’art, Salle des jacobins, Saint-Flour, France
Donner à voir deux cents petites peintures sur papier, en février 1996 sur les cimaises du musée d’Art Moderne de Reykjavik, c’est accumuler des «gourmandises picturales» préparées par Philippe Richard. Pas de dispersion pour cet ensemble d’oeuvres d’une vibrante présence de formes et de couleurs.
L’exposition prélude à une aventure que le temps se charge d’effacer ou de faire apparaître. Deux cents bouteilles porteuses chacune d’une peinture et d’un message d’identité seront jetées en mai, saison promise à de favorables errances, dans les sillages des courants marins. Surgissement comme autant de sémaphores pour un voyage lent et long commencé sur les rivages d’Islande.
Navigation hasardeuse au gré des clapotements furieux des marées ou sur des mers étales avant d’accoster. Que de dérives, que de dangers, que d’obstacles à franchir avant qu’un regard ne découvre ou qu’une main ne saisisse l’objet échoué, comme un noyé sauvé des eaux !
Des mois, des années pour atteindre d’improbables terres, d’inaccessibles côtes. Qu’importe l’issue si la passion de l’aventure et l’ivresse du départ tiennent lieu de préliminaires. L’espérance n’est-elle pas ce qui demeure au fond de la boîte de Pandore alors que le reste s’envole ?
La séparation des œuvres livrées à l’océan fait écho à l’appropriation des bois flottés venus d’ailleurs et désormais support pour la peinture. Ces formes amorphes revitalisées par la couleur feront l’objet d’une présentation en France, loin de leur lieu d’origine. Le flux apporte des vestiges d’arbres échoués sur les bords de l’île, le reflux emporte des bouteilles lancées de ces mêmes rivages vers d’autres cieux ! D’ineffables vents peuvent-ils pousser ces lichens de soleil vers des rives heureuses ?
Quel passant découvrira les oeuvres, quel messager deviendra passeur d’un fragment de puzzle ?
Combien de ces biens précieux des roulis doux vont-ils conduire en terre hospitalière et en combien de temps ? Livrés à tous les dangers, ballottés par tous les ressacs, combien de ces vogueurs arriveront-ils au terme du voyage ?
Le sort de ces deux cents peintures n’aurait-il pas valeur métaphorique face au temps et à la perte ?
L’artiste pourrait, en guise de réponse, faire siens ces vers de Pessoa :
«J’attends, d’une âme égale, l’inconnu. De toutes choses, et de moi-même, le futur.»
Gilberte
GRYNPAS NGUYEN, 1996
Philippe Richard, «Des mois, des années», musée municipal de Reykjavik, 1996
* Les mots en italique indiquent les citations empruntées au poème de Rimbaud, «Le Bateau ivre».